La réserve du domaine

Le site du « Domaine », complexe d’anciennes carrières alluvionnaires d’une soixantaine d’hectares situé sur la commune de Pont-à-Mousson (54), a été classé Réserve Naturelle Volontaire en 2002 et fait l’objet de suivis écologiques depuis 2000.

Entrée du site

Réserve du domaine
57 hectares pour la nature

En extrayant ici le sable et les graviers nécessaires aux activités de la construction, la société GSM (Gravière et Sablières de la Moselle, maintenant Heidelberg) a remplacé un milieu agricole par une succession de plans d’eau et de presqu’îles qui présente aujourd’hui un caractère sauvage : ronciers touffus, taillis, forêt alluviale, une végétation exubérante peuplée de centaines de plantes, insectes, mammifères, oiseaux, reptiles, champignons, poissons, etc.

Les milieux évoluent selon un processus dynamique où aujourd’hui n’est jamais tout à fait identique à hier et légèrement différent de demain. Ils se modifient constamment, imperceptiblement ou brutalement sous l’influence d’épidémies invisibles, de crues brutales, des activités humaines ou des conditions météorologiques. Le résultat est passionnant.

Chacun peut y observer la faune la flore selon ses centres d’intérêts. Les botanistes y chercheront la Spirée filipendule, la Scabieuse des prés ou la Vallisnerie en spirale, … Les ornithologues observeront le Faucon hobereau, le Rossignol philomèle, les différentes rousseroles …

Les chevaux qui occupent le site ne sont pas tout à fait ordinaires. Ils descendent des tarpans sauvages qui ont vécu en Europe après la dernière glaciation et dont une souche domestique fut retrouvée en Pologne au début du 20e siècle.

Tel son ancêtre, ce petit cheval, « konik » en polonais, est particulièrement résistant et adapté à une nourriture peu nutritive comme aux conditions climatiques les plus rudes. Par sa présence, il limite l’embrouillement et contribue ainsi à la conservation de la biodiversité. La réserve du Domaine sera pour vous ce que vous en ferez, une réserve d’imagination, de rêves, d’émotions, de différences, une richesse pour l’avenir.

Les Mares

Les mares constituent des habitats particulièrement riches en espèces aquatiques qu’il s’agisse de plantes ou de macro-invertébrés inféodés aux milieux humides. Elles occupent une place importante dans le cycle de vie de certaines espèces animales en leur assurant une ou plusieurs fonctions écologiques. Elles jouent un rôle dans la reproduction de certains arthropodes et des amphibiens par exemple, elles jouent un rôle dans l’alimentation des oiseaux et des chauves-souris, elles sont également un refuge en été pour les amphibiens. Elles occupent donc naturellement une place centrale dans les stratégies de protection et de gestion de la biodiversité aquatique.

Le sol n’étant pas naturellement imperméable il a été nécessaire d’utiliser une bâche afin d’imperméabiliser le fond de la mare. Par ailleurs, le profil des berges a été creusé en pente douce afin d’assurer une gradation progressive favorable à un large panel de plantes aquatiques et aux amphibiens. La mare aménagée a été fermée aux chevaux afin de la préserver du piétinement susceptible d’impacter sa perméabilité. Les autres mares restent toutefois accessibles aux chevaux.

Un ponton en bois surplombe la mare jusqu’en son centre afin de permettre les observations sans perturber les espèces présentes.

La prairie

Trois espèces végétales protégées au niveau régional peuvent y être observées. 

  • Scabieuse des prés (Scabiosa columbaria subsp. pratensis) : la Scabieuse des prés est une sous-espèce typique des prairies alluviales mésophiles.
  • Le Pigamon des prés (Thalictrum minus subsp. majus) est une sous-espèce du Petit Pigamon. Il est inféodé aux prairies alluviales gérées de manière extensive (sans intrants),
  • La Filipendule vulgaire (Filipendula vulgaris) est très proche de la Reine des prés, largement répandue en Europe. C’est une espèce des pelouses calcicoles mésophiles qu’il est également possible de rencontrer dans les prairies alluviales.

 

La prairie, le chemin périphérique et les espaces sous les lignes à haute tension, sont les seuls espaces du Domaine qui nécessitent une intervention humaine. Les suivis botaniques réalisés par FloraGIS sur la prairie depuis plus de 10 ans ont démontré que le sur-piétinement par les chevaux avait un effet très négatif sur cette prairie. Il a donc été décidé en comité de gestion de fermer une partie de la pâture aux chevaux et de la gérer mécaniquement en éliminant régulièrement les repousses de ligneux. Les effets sur la flore ont rapidement été visible mais une surveillance constante des clôtures est nécessaire.

La capacité de la prairie à retrouver une diversité botanique après plusieurs années de contraintes nous rappelle qu’il est toujours possible d’inverser la tendance et de contribuer, à notre échelle au maintien de la biodiversité. Il est intéressant de constater que les espèces que l’on trouve sur cette prairie sont différentes de celles qui se trouvent sur le reste du site ce qui permet de rappeler l’importance de multiplier les typologies de milieux.

L'observatoire

Un observatoire est installé au niveau du plan d’eau le plus grand, afin de permettre l’observation des oiseaux, tout en préservant leur tranquillité. La toiture de l’observatoire a été végétalisé avec des sedums et d’autres plantes peu exigeantes déjà présentes sur le site et ses abords. Ce choix a pour but de favoriser l’intégration paysagère de l’observatoire et profiter de cet aménagement pour créer un nouvel habitat.

C’est un lieu privilégié pour l’observation d’espèces spécifiques aux plans d’eau.

Si vous êtes chanceux, vous pourrez y observer des Canards chipeaux, des Canards siffleurs, des Sarcelles d’hiver ainsi que des rapaces tels que le Busard des roseaux ou le Balbuzard pêcheur.

La boucle de la Moselle

Au niveau du passage de la ligne à haute tension d’autres problématiques son abordées :

  • la cohabitation entre installations humaines et vie sauvage, avec les Cigognes blanches qui ont pris leurs quartiers sur les pylônes ; La population de cigogne est en augmentation constante depuis l’installation du 1er couple en 2014. En 2024 ce sont 14 couples qui ont été recensés. Leur présence sur les pylônes peut poser des problèmes du fait de l’envergure des individus (risque d’électrocution) et de la taille des nids (risque d’arc électrique entre les câbles électriques et le nid en fonction de la position de ce dernier). C’est pourquoi la présence de ces oiseaux est surveillée, avec notamment l’installation de plateformes où le risque est très faible.

 

  • L’entretien de la végétation sous les lignes à haute tension ; Pour les mêmes raisons que les nids de cigognes sont surveillés, la présence de ligneux sous les lignes à haute tension est également contrôlée et donne lieu à des interventions mécaniques régulières par RTE, en lien avec l’ensemble du comité de gestion et en respect du plan de gestion.
  • Les espèces invasives qui nécessitent une surveillance et la mise en œuvre d’actions pour les limiter (Renouée du Japon par exemple) ; La surveillance et la lutte contre les espèces invasives est une préoccupation permanente. Les différentes espèces que l’on peut rencontrer et les méthodes de lutte seront abordées ici à travers des exemples concrets.
  • Les seuils de crue sont des passages surbaissés entre les étangs et la Moselle permettant un remplissage progressif des plans d’eau en cas de crue. Ces seuils sont essentiels pour absorber les variations brusques du niveau de la Moselle. S’ils sont essentiels sur ce site situé dans une boucle de la Moselle, ils nécessitent de s’assurer que la Moselle n’est pas en crue avant de s’aventurer sur le site. Leur emplacement et quelques consignes de sécurité sont précisés sur le plan à l’entrée du site.

Le plan d'eau, observation des tarpans.

Ce dernier point permet de visualiser en un même lieu différents biotopes et les espèces associées. Il est assez fréquent d’observer les tarpans à cet endroit.

C’est l’occasion de revenir sur le mode de gestion de la réserve, où la libre évolution des tarpans permet le maintien de l’ouverture paysagère ainsi que le renouvellement des espèces floristiques, quasiment sans intervention humaine.

Les détails du projet Tarpan sont consultables sur le site de l’association ARTHEN

La dynamique fluviale

A l’entrée du site (point 1), la rive gauche de la Moselle a été anthropisée (enrochement) afin d’éviter l’érosion de la berge et la capture de la rivière par les gravières. Ici, très localement, la Moselle présente un faciès plus « sauvage » avec une dynamique naturelle : érosion en rive droite, formation progressive d’un îlot par dépôt d’alluvions au centre du cours d’eau.

D’aval en amont, on aperçoit les divers stades de formation de cette île :

  • Ban de sable libre de végétation (milieu le plus récent)
  • Ban de sable couvert d’herbacées éparses ;
  • Densification de la végétation herbacée (roseaux) et apparition des ligneux (saules) ;
  • Disparition de la végétation herbacée au profit des ligneux assez bas mais denses) ;
  • Développement d’une ripisylve (milieu le plus ancien et stade « ultime »).